Le marché de l’assurance vie se caractérise ces dernières années par une évolution de l’offre, et l’émergence de produits innovants. Recherche de rendement, volatilité des marchés d’actions, notamment au déclenchement de la pandémie de Covid-19, mais aussi évolutions réglementaires ont incité les investisseurs à orienter leur épargne vers des supports plus rémunérateurs et présentant des profils de risque plus diversifiés.

Côté actions, la tendance est à l’ISR (investissement socialement responsable). En France en 2021, la moitié de la collecte en assurance vie, sur les fonds actions, s’est portée sur des actifs ISR, avec près de 4 000 fonds intégrant une approche ISR. Les fonds thématiques commencent eux aussi à s’imposer sur le marché avec une collecte de 70 milliards d’euros. Enfin, les ETF ont vu leurs encours sous gestion passer de 1.500 milliards de dollars à près de 10.000 milliards de dollars en plus de 10 ans.

D’autres supports novateurs ont gagné les faveurs des investisseurs. C’est le cas des fonds de performance, avec des caractéristiques similaires à celles des hedge funds, du private equity stimulé par la loi Macron de 2015 puis la loi Pacte de 2019, de l’immobilier et enfin, des produits structurés, qui offrent des rendements stables et une certaine protection en capital, soit le compromis idéal pour un investisseur.

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Sous-jacents innovants : des enjeux de Data providing et de modélisation

Ce mouvement de diversification des portefeuilles d’assurance vie conduit à une grande variété de données nécessaires à la définition, à la classification et à la valorisation de ces actifs.

La diversité des supports investis entraîne de réelles difficultés à collecter ces données et à les exploiter. En découlent des coûts élevés tant à la phase d’acquisition qu’à la phase de traitement. Cette complexité nécessite des outils capables de traiter, collecter, améliorer et redistribuer les données en amont. Les EDM (Entreprise Data Management) permettent de collecter, consolider, normaliser les données brutes pour ensuite les communiquer sous forme de rapports réglementaires à destination d’épargnants particulièrement exigeants au regard des seuils minimaux d’investissement.

Dans ce contexte, la convergence entre le BigData et l’Intelligence Artificielle semble inévitable. La combinaison de ces deux technologies permet de réduire les opérations manuelles mais surtout d’enrichir et de corriger les données intégrées. A défaut d’une automatisation complète, ces processus peuvent être complétés par de la main d’œuvre externalisée.

Sous-jacents innovants : des enjeux opérationnels spécifiques à chaque classe d’actifs

Avant l’apparition de ces innovations en assurance-vie, la chaîne de valeur des unités de compte reposait essentiellement sur une offre de fonds/OPCVM. Cette chaîne se décomposait en quatre maillons : le portail client, la solution ‘passif’, la solution ‘actif’ et la banque dépositaire. Le traitement des sous-jacents et des enveloppes pose de nouveaux enjeux opérationnels, chaque classe d’actifs ayant ses spécificités.

Des enjeux opérationnels spécifiques selon les sous-jacents :

  • ETF : Gérer d’autres formats que les circuits classiques (502,509,515) des OPCVM.
  • Produits structurés : Gérer les ordres anticipés au niveau de l’outil d’actif pour le marché primaire en contrôlant notamment les impacts sur les formats d’échanges avec les banques dépositaires.
  • Immobilier (SCI, SCPI) : Gérer les impacts au niveau des référentiels et de la comptabilisation, avec la prise en charge des différentes formes de détention ou de gestion locative.
  • Private Equity : Gérer les impacts au niveau des référentiels, de la comptabilité et du passage d’ordres.
  • Actifs Numériques : intégrer les technologies Blockchain.

Des enjeux opérationnels spécifiques selon les nouvelles enveloppes :

  • FAS (Fonds d’Assurance Spécialisés) : Cette enveloppe utilisée dans les contrats d’assurance-vie au Luxembourg permet aux clients assurés de passer directement des ordres. Il y a donc un fort impact côté portail Clients/Investisseurs pour leur fournir des outils leur permettant de passer des ordres tout en assurant la conformité pre-trade.
  • PER, Poches Titres Vifs : Gérer les impacts, dans l’outil passif, sur la fiscalité et, dans l’outil Actif/Passif, pour la tenue des positions et le calcul de la valeur liquidative d’une part, et pour apporter une vision plus globale dans l’outil passif d’autre part.

Impacts opérationnels de l’intégration de ces sous-jacents innovants sur le volet transactionnel

Les souscriptions & rachats sont aujourd’hui traités manuellement tout au long de la chaîne opérationnelle. L’enjeu serait de gagner en automatisation en éliminant les bulletins de souscription papier ou PDF.

En second lieu, le référencement repose sur la gestion des spécificités des classes d’actifs, ce qui requiert une certaine expertise. A titre d’exemple, les engagements de liquidité de l’assureur vis-à-vis de ses clients en immobilier nécessitent une surveillance des poches d’investissement et des conditions de marché.

Enfin, la tenue de position et la comptabilisation peuvent être impactées par la nature des classes d’actifs traitées. Ainsi, les ETF nécessitent une modélisation en titres vifs ou OPC pour être correctement comptabilisés. Il y a donc un réel enjeu de flexibilité des outils.

Avec la diversification des sous-jacents, les éditeurs doivent s’adapter

Une innovation génère de nouveaux segments de clientèle et de nouvelles pratiques pour les assureurs-vie. Dans ce contexte évolutif, les éditeurs de logiciels doivent constamment s’adapter et innover pour répondre au mieux à cette nouvelle demande de leurs clients assureurs et faire en sorte d’encourager et pérenniser l’innovation sur ce marché. Les éditeurs choisissent donc d’étendre le périmètre d’application de leurs logiciels ou de recourir à de la croissance externe, en acquérant des logiciels spécialisés. Le recours à l’offshoring est également une solution disponible, en complément des outils, à travers un système de servicing.